lundi 21 mai 2012

Pierrette, par Olivier Maneval et Anne-Maud Boudre

Une fois n’est pas coutume, parlons microbes.

Ne nous affolons pas. Je n’ai pas l’intention d’ajouter à une atmosphère déjà suffisamment névrotique mes considérations de profane sur les agents propagateurs de nez qui coule, de gorge qui gratte, et de peau qui germe. Tenons-nous en à la littérature, qui jamais ne provoqua la moindre démangeaison (ou alors faut me raconter), et nous donne enfin une raison valable de nous planquer sous la couette pour esquiver les bacilles.
Par microbes, je veux bien entendu parler des petits êtres qui peuvent (ou pas) remplir nos existences sinistres de doudous fluorescents, de jingles-clochettes perpétuels, et de toutes sortes de matières organiques plus ou moins liquides et odorantes qui nous transforment peu à peu, de souillons anarchistes adolescents, en fées du logis monomaniaques à la comptabilité irréprochable. Je veux parler, vous l’avez compris avant que je ne le formule, de nos charmants bambins, et de ce que peut, parfois, leur apporter les livres que nous confions à leurs menottes potelées.


Or donc, et sans plus prolonger cette élocution introductive, laissez-moi vous toucher deux mots de ce petit bouquin dont j’ai eu la connaissance, qui fut joué avant d’être lu, puisque l’album retrace en quelques pages le texte d’un spectacle créé dans mes auvergnates collines, et qui nous raconte l’histoire simple d’une grosse rocaille aux ambitions délirantes, puisque son rêve est de faire trempette dans l’océan et de fendre les milles en compagnie de la friture.
Voilà un vaste projet, et qui ne s’embarrasse guère de considérations physiques. Fraîchement détachée de maman-montagne en un brusque parachutage, plantée dans le sable où elle a élu domicile, face à l’océan, elle fait connaissance avec ses nouveaux amis, herbes folles et sages galets, dans l’espoir qu’ils lui révèlent le truc infaillible pour se carapater à dos d’embruns. Attendre, disent les autres pierres, laisser le temps et le ressac faire leur œuvre. Apprendre ! affirme Benoît le bout de bois. Espérer… répliquent les touffes d’herbes folles. Pierrette trépigne et s’impatiente : pas question de faire le piquet en attendant que l’océan lui donne la ligne ! Mais ce que Pierrette ignore, le temps et l’espoir le lui apprendront, en empruntant les voies les plus inattendues, celles du hasard et de la poésie. 


Une histoire simple… mais qui explore certains enjeux essentiels de l’enfance, grâce à un texte jamais bêtifiant, souvent drôle, habilement mis en valeur par une illustration pleine de fantaisie. Un petit album qui, l’air de rien, pose les questions justes et laisse l’imagination donner ses propres réponses. On aborde ainsi, sans jamais basculer dans le drame, de frustration et de changements, de la vie et de la mort, des bienfaits conjugués de la détermination, du rêve et du hasard… Et de la nécessité de ne pas laisser quelques certitudes bien établies diriger le cours de notre existence.

Pour tous ceux qui souhaiteraient faire l’acquisition de Pierrette, contactez-moi par mail. Je dispose d’une vingtaine d’exemplaires que je me ferai une joie d’expédier à qui m’en fera la demande.

Pierrette, texte de Olivier Maneval, illustrations d’Anne-Maud Boudre. Edité par la Compagnie Juste à Temps, mars 2012.

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