jeudi 22 mai 2014

Little Bird, de Craig Johnson

Je vous en parlais il y a quelques semaines, Craig Johnson est mon coup de cœur n°1 du moment. Et puisqu’il faut bien commencer par le début, c’est du premier bouquin de la série des Longmire que je vais vous parler aujourd’hui… 

 Bienvenue dans le comté d’Absaroka, Wyoming


Veuf depuis quelques années, le shérif Walt Longmire aspire à une retraite paisible après 24 ans de bons et loyaux services dans le comté d’Absaroka. Un lieu qu’il connaît par cœur, dans lequel tous les visages ont un nom, une histoire ou une anecdote. Seulement voilà, quand le jeune Cody Pritchard est retrouvé mort après une indigestion de plomb, c’est une sale affaire qui remonte à la surface. Pritchard avait en effet participé, avec trois de ses sympathiques camarades, au viol de la petite Little Bird, jeune cheyenne atteinte du syndrome d’alcoolisme fœtal. Les quatre gentlemen avaient échappé à la prison au grand dam de Longmire, qui va devoir aujourd’hui comprendre qui veut leur faire prendre perpète, d’une façon beaucoup plus radicale.

Et comme si ça ne suffisait pas, on annonce un blizzard d’ampleur apocalyptique.

La revanche des Cheyennes et des obèses


Avec son mètre quatre-vingt-dix et son allure de gros nounours, Longmire se trouve moche et insignifiant. Il est comme ça, Walt, il pousse tellement l’autodérision que ça finit par ressembler bigrement à de l’auto-apitoiement. Et pourtant, permettez-moi l’expression, le bonhomme est un véritable aimant à gonzesses. Vous verrez, ça se vérifie quasiment à chaque opus de ses aventures.

Dans Little Bird, on découvre un Longmire vaguement dépressif, encore en deuil après la disparition de son épouse bien-aimée, délaissé par sa fille devenue super avocate dans la grande ville. Heureusement pour lui, il ne manque pas de très bons copains pour lui remonter le moral. A commencer par Standing Bear, autre géant et représentant charismatique de la nation Cheyenne à Absaroka. Standing Bear tient un bar fréquenté aussi bien par les blancs que par les indiens, et reste fidèle à une philosophie qui mêle facilement le lyrisme aux coups de latte. C’est aussi, comme on le découvre au fil du roman, le bras droit non officiel de Walt Longmire, surtout lorsque celui-ci doit mener ses enquêtes dans la réserve toute proche.

Il y a aussi Vic, la très belle et très ordurière adjointe, future héritière de l’étoile de shérif. Une petite nénette extrêmement douée qui peine à prononcer une phrase sans y adjoindre un « putain-merde-fait-chier » bien senti.

D’autres personnages viennent compléter cette galerie pittoresque, incroyablement humaine, autour d’une enquête qui soulève la question douloureuse de l’intégration des indiens dans un monde qui s’est si soigneusement appliqué à les faire disparaître, et où les mentalités du far west ne sont jamais longues à réapparaître. On découvre ainsi (sujet plutôt exotique pour les Français que nous sommes) la réalité indienne d’aujourd’hui, ce mélange subtil entre coutumes ancestrales, rancœurs de réprouvés, et désir d’avancer avec l’histoire. Pour ma part, je ne connaissais pas le dixième de ce que j’ai pu apprendre en lisant Craig Johnson, et ce seul élément mérite qu’on se penche sur ses histoires.

Humour, meurtre et grands espaces


Le style de Craig Johnson, quant à lui, est parfaitement inimitable. Vous allez vous poiler, pleurer, rester bouche bée face aux descriptions majestueuses de la région et à l’évocation des forces de la nature, omniprésentes dans ce premier titre de la série. A cet égard, la scène épique et onirique du blizzard est un merveilleux exemple du lyrisme à la Johnson.

Mais, oui, aussi, vous allez rire. Tout le temps, en fait. Parce que Craig Johnson est doté de ce genre d’humour aussi vache qu’affectueux qui vise juste à tous les coups. Les dialogues entre Walt Longmire et Standing Bear n’en sont qu’un exemple parmi tant d’autres.

Et puis, vous allez pleurer, un petit peu. L’histoire de Little Bird est une tragédie, abordée très sobrement, avec la délicatesse qui caractérise le héros, et donc d’autant plus émouvante.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, Little Bird reste mon préféré de la série, qui contient pourtant nombre de trésors. Après Little Bird suivent en effet Le Camp des Morts, L’Indien Blanc, Enfant de poussières, Dark Horse et le petit dernier, Molosses, tous publiés dans l’excellente maison d’édition Gallmeister, dont je vous conseille la découverte du catalogue. Pour célébrer mon anniversaire, ma maman, qui est une femme bien, m’a promis de m’offrir les deux derniers. Il se pourrait donc que je vous en parle sous peu.

Cerise sur le gâteau, on parle de Craig Johnson comme d’un écrivain extrêmement sympathique, assez semblable, au final, à son héros, aussi bien au physique qu’au moral. Il s’est déplacé plusieurs fois en France, ne ratez pas sa prochaine visite !

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