mardi 16 juin 2015

Fête des pères 2015 : Ma p’tite sélection de livres



La fête des pères aura lieu dimanche 21 juin, c’est-à-dire, oui, dans 5 jours. Ça vous laisse encore une chance de dénicher un chouette bouquin sur les tables de nouveautés ou dans les rayonnages de votre librairie préférée, avant que papounet ne vous raye définitivement de ses dernières volontés. Go-go-go ! 

 


Comme vous allez le voir, dans cette liste, il y a du très neuf (tellement neuf que je n’ai pas encore eu le temps d’en lire une ligne), et du vieux (classique, on dit, quand on est poli). En général, les top-lists vont par 5 (ou 8, ou 10, ou 27 quand on a vraiment que ça à faire). Là, y en a 6.

1. Vargas Llosa, Le Héros discret

Tout nouveau, tout beau, ce roman signe le retour de Llosa au Pérou, sa terre natale. Entre temps, le grand écrivain a viré à droite toute, mais il a conservé sa verve si particulière, et nous offre ici trois portraits d’entrepreneurs inoxydables, modèles de réussite, toujours, mais de paternité, pas forcément. Et tandis que Don Felicio reste suspendu, des années après sa mort, aux lèvres d’un père sans le sou, Don Ismael Carrera se creuse le ciboulot pour arriver à déshériter ses fils, petits cons indignes élevés dans le coton.

Un héros discret, de Mario Vargas Llosa, traduit de l'espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan, éd. Gallimard.


2. Craig Johnson, Tous les démons sont ici

Qui connaît un peu le shérif Longmire (raconté ici par votre serviteuze) sait bien le genre de père qu’il campe, non seulement avec sa fille adorée, aujourd’hui lointaine avocate, mais aussi avec ses administrés, de la jeune indienne clouée au sol par l’alcoolisme à l’éleveuse de chevaux trop coupable pour être malhonnête. Walt Longmire, c’est un gros cœur qui pulse avec un chapeau de cow-boy et un flingue toujours tiède. Et Tous les démons sont ici, sa dernière aventure (achetée, bientôt lue, je vous en parle très vite, paraît qu’il y a du psychopathe dans l’air).

Tous les démons sont ici, de Craig Johnson, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister.

3. Jerome K Jerome, Les Miens et moi

Grand, énorme classique malheureusement totalement méconnu en France, tout comme on ignore un peu trop, à mon goût, l’œuvre de ce génie de l’humour britannique. Vous n’avez pas lu Trois Hommes sur un bateau (sans parler du chien), vous avez méprisé Trois Hommes sur un vélo ? Lisez Les Miens et moi, son œuvre la plus autobiographique, balançant en douceur entre la satire féroce et l’authentique émotion paternelle. Un livre drôle et vrai sur ce que c’est d’être un père, d’une œuvre ou d’une incorrigible marmaille.

Les Miens et moi, de Jerome K. Jerome, traduit de l'anglais (Angleterre) par Maurice Beerblock, éd. Arléa (malheureusement épuisé aujourd'hui mais se trouve encore d'occasion dans les bonnes bouquineries). Sinon je l'prête, mais faut payer.

4. Daniel Pennac, Monsieur Malaussène

La saga Malaussène possède l’avantage de pouvoir être lue dans le désordre avec un minimum d’efforts et de concentration. Pour ma part, j’avais débuté par La Petite Marchande de prose. Dans Monsieur Malaussène, Benjamin, déjà en charge des mioches de sa mère, se retrouve paumé au milieu d'une bande de barrés du 7e art tandis qu’une dispute s’enclenche entre lui et lui-même pour savoir quoi faire du petit squatteur de sa sublime Julie. Comme d’habitude avec Pennac, il finira menottes aux poignets, lesté par tellement d’emmerdes qu’un seul film ne suffirait pas à les résumer. D’où le livre.

Monsieur Malaussène, de Daniel Pennac, éd. Gallimard, coll. Folio pour l'édition poche.

5. Larry McMurtry, Duane est dépressif

Je vous avais parlé un peu plus tôt de La Dernière Séance, chef-d’œuvre crépusculaire et un rien barré de Larry McMurtry. Ce bouquin (je vous l’avais dit, également), possédait une suite, Texasville, qui reprenait les mêmes, au même endroit, 20 piges plus tard. On se bouscule encore d’une petite vingtaine d’années pour rejoindre l’intrigue de Duane est dépressif. Le héros des 2 précédents opus a atteint la soixantaine aigrillarde et décide, en guise de thérapie, d’envoyer valser son 4x4. A Thalia, au Texas, il est alors vu comme un extra-terrestre et déclenche une série de situations farcesques qui contredisent avec talent ce titre auquel on ne croyait d’ailleurs qu’à moitié. Bref, c’est drôle et ça vient de sortir, et ça peut se lire sans les deux précédents.

Duane est dépressif, de Larry McMurtry, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. 10/18 (rendez-vous sur le catalogue de Gallmeister pour les autres livres de McMurtry).

6. Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri, Le Retour à la terre (5 volumes)

Manu Larssinet, avatar de Manu Larcenet dialogué par Ferri, décide de quitter la banlieue avec sa femme et son chat bileux pour les merveilles de la campagne. Bonne ou mauvaise idée, l’aventure de ce citadin ultra-moderne va le conduire à s’interroger sur tout et n’importe quoi : la vieille d’en face avec sa gueule de sorcière, le proprio au foie d’acier, les digitales pourpres tapissant la forêt comme autant de pièges mortels, l’abattage annuel des grands chênes (autre péril grave), et finalement, la grossesse de sa (patiente) moitié. L’une des séries BD les plus drôle de l’univers, mais ça, vous devriez déjà le savoir.

Le retour à la terre, de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri, éd. Dargaud.

vendredi 12 juin 2015

Bébés chouettes, par Martin Waddell et Patrick Benson



On continue la série des livres préférés de Messieurs mes enfants avec ce petit album époustouflant de douceur et de poésie. L’une des plus belles illustrations de toute notre collec’ : Bébés Chouettes ! 


C’est l’histoire toute simple de trois petites chouettes (la grande Sarah, le « moyen » Rémy et le petit Lou) qui se réveillent un soir seuls dans le nid familial. Où est passée maman ? Alors que la nuit les enveloppe, inquiétante, l’attente commence pour les petits. Heureusement, toutes les chouettes réfléchissent beaucoup !

La grande force de l’album tient en sa magistrale illustration et sa puissance évocatrice : l’écorce des arbres, le duvet léger des oisillons, l'ombre des feuillages, le vol furtif de la chouette, tout est palpable, et l’effet produit sur les enfants est immédiat. L’album avance à son propre rythme, autour des refrains "Toutes les chouettes réfléchissent beaucoup" et "Je veux ma maman", et l’angoisse de l’absence cède la place au retour tant espéré de maman, "douce et silencieuse". On retrouve le concept du petit, du grand et du moyen, explorés en petite section de maternelle (ça fera plaisir à l’instit’), la différence entre chouette et hibou (qui dort le jour ? Qui dort la nuit ?), la peur de la séparation couplée à la recherche de l’autonomie… Bref, un album riche pour les tout-petits. 



Du même auteur, Martin Waddell, on retrouve un autre grand classique, La grotte de petit ours. Le dessinateur britannique Patrick Benson, quant à lui, a collaboré à d’autres albums évoquant la nature et la nuit (Le Lynx) et à de petites aventures animalières (Petit Paul et l’oisillon). 

Bébés Chouettes, de Martin Waddell et Patrick Benson, L’Ecole des Loisirs, coll. Kaléidoscope et Lutin Poche, 1994 pour la première édition.


jeudi 11 juin 2015

Les (bonnes) nouvelles de la semaine



Tom Sawyer + Huckleberry Finn + Mark Twain + Philippe Jaworski = La Pléiade

Copyright : CC/Vernon Barford School 
L’une des parutions les plus réjouissantes de ces derniers mois : même si je ne suis pas une fervente admiratrice du format Pléiade (ces damnées pages qui se déchirent et se plissent, impossible de lire ça dans son bain !), avoir confié l’œuvre du grand Mark Twain au très talentueux Philippe Jaworski (aidé de Thomas Constantinesco, spécialiste de littérature américaine du XIXe siècle et plus particulièrement d’Emerson) avait largement de quoi me faire sauter au plafond. Nouvelle traduction par Constantinesco des aventures des deux garnements les plus célèbres du monde romanesque, augmentée, comme il fallait s’y attendre, d’un important appareil critique. Reste à savoir si les amoureux de Hoepffner, traducteur de Tom Sawyer  et Huckleberry Finn dans l’édition établie par Tristram, mordront à l’appât.

Œuvres, Mark Twain, édition établie par Philippe Jaworski avec la collaboration de Thomas Constantinesco, Gallimard, « Bibliothèque de La Pléiade ».

Pour commander le livre :  Site de la Bibliothèque de La Pléiade


Ouverture d'une nouvelle tétralogie pour Ellroy

Copyright : CC/Mark Coggins/Wikipedia
L’infernal James Ellroy est de retour parmi nous avec le 1er opus d’une nouvelle série californienne. Après le très fameux « Quatuor de Los Angeles », composé de  Le Dahlia Noir, Le Grand Nulle Part, LA Confidential,  et White Jazz, nous voici expédiés dans le Los Angeles de 1942, peu après l’attaque de Pearl Harbor et l’entrée en guerre des Etats-Unis. Perfidia nous permet de renouer avec certaines figures familières du maître (ce salopard de Dudley Smith, le capitaine Parker ou la douce Kay Lake), et accueille un criminologue japonais du nom d’Hideo Ashida. On se délectera d’une nouvelle tragédie noire : celle des familles japonaises installées en terre américaine, cheville ouvrière d’une « perfide » machination mafieuse dont Dudley Smith, il fallait s’y attendre, tire profit. Voilà qui devrait rassembler tous les ingrédients pour faire de ce roman un peu plus que le polar de l’été 2015. 
Le numéro de juin du Magazine Littéraire consacre une longue interview à James Ellroy (et un dossier complet à la collection Série Noire de Gallimard, qui fête ses 70 ans). 


Perfidia, James Ellroy, traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias, Rivages.

En savoir plus : Collection Rivages/Thriller



mercredi 10 juin 2015

Trois mille chevaux-vapeur, par Antonin Varenne




 Les admirateurs de Conrad et de London retrouvent la sensation familière de la passion de l’ailleurs et de la peur sourde qui l’accompagne parfois. Avec Trois mille chevaux-vapeur, Antonin Varenne nous expédie dans une diligence lancée à pleine vitesse, et bourrée d'explosifs, pour un périple à travers le monde et les perfidies humaines. Grisant.




 Résumé : « La première idée de ce livre, c'était d'écrire un western. Je sortais de l'écriture d'un roman sur la Guerre d'Algérie, l'histoire de mon père, qui avait été un livre assez dur à concevoir. Je me suis dit «Bon, maintenant je vais me faire plaisir, en libérant mon écriture et mon imagination. Je me suis dit : qu'est-ce qui me ferait rigoler ? Fan de western depuis longtemps, j'ai décidé de me lancer et de là s'est greffée l'idée de la poursuite d'un tueur qui aurait pu être un tueur du XXe siècle, mais pendant la conquête de l'Ouest. Ensuite il a fallu des personnages, ils ont pris corps au fur et à mesure, selon les besoins de l'histoire... » (Antonin Varenne, Courrier des auteurs du 12/06/2014, 20 Minutes.fr)

Le sergent Bowman, mercenaire, soldat impitoyable, assassin employé de la crépusculaire Compagnie des Indes et héros oublié,  a survécu à l’enfer des geôles birmanes. Revenu dans les quartiers populaires de Londres, il est soudainement confronté au souvenir sanglant de la seconde guerre anglo-birmane et se lance alors à la poursuite d’un étrange tueur en série, qu’il soupçonne de plus en plus d’être l’un de ses anciens camarades. 

L’auteur : Né en 1973, Antonin Varenne est, à l’image du sergent Bowman, un baroudeur qui a embrassé les paysages d’Amérique du Nord, du Mexique, de l’Islande ou encore de l’Indonésie. Il est d’abord publié en 2006 par les éditions Toute Latitude, avec Le Fruit de vos entrailles. Puis, en 2008 avec Le Gâteau Mexicain. Fakirs, publié en 2009 chez Viviane Hamy, poursuit dans la veine du polar foisonnant et remporte trois prix, dont le Prix Sang-D’Encre 2009. Après Le Mur, le Kabyle et le Marin (2011), qui nous plonge dans une histoire tragique et virtuose de la guerre d’Algérie, il revient en 2014 avec Trois mille chevaux-vapeur, son premier roman d’aventures sur fond d’enquête criminelle (à moins que ce ne soit l’inverse ?).
D'autres infos sur le site d'Albin Michel

L’avis de Cartons Pleins :

L’été dernier, Trois mille chevaux vapeur était annoncé comme un roman incontournable, avec cet enthousiasme qui prouve bien que les grands auteurs d’aventure ont plus que jamais voix au chapitre. Avec Antonin Varenne, on renoue effectivement avec cette tradition du récit d’action et de suspense, dans un cadre majestueux, sombre et mouvant. Oubliez les chantres de l’autofiction et précipitez-vous dans cette histoire ébouriffante, cruelle, colorée. Une grande bouffée d’air sauvage qui dépoussière les rayons de littérature française contemporaine.

De la Birmanie à Londres, de Londres aux Etats-Unis, le sergent Bowman nous entraîne dans un voyage tantôt chargé d’angoisse, tantôt riche d’incroyables découvertes. Entre cet Extrême-Orient multimillénaire, moite et cruel, et les terres neuves de l’Amérique où la sauvagerie, quoique différente, s’enracine dans les mêmes vices, le héros travaille à sa rédemption et à l’oubli avec cette chasse à l’homme souvent déconcertante. Car Antonin Varenne n’a pas oublié ses vieux réflexes d’auteur de polar, et il le prouve !

Trois mille chevaux-vapeur, Antonin Varenne (Albin Michel, 2014)